Jean Rony

Rome n’était déjà plus dans Rome au temps de Joachim du Bellay, le Londres de la demi brume apollinairienne a sombré corps et biens dans la lumière d’Anna Romanello. 

Le clochard endormi de «Piccadilly Circus» , au visage appaisé, n’évoque en rien le «voyou» de la chanson du mal aimé. Plus rien d’inquiétant dans cette ville débarrassée du smog.

Londres séduit. «Les vagues de briques» ont repris de la couleur. Le ciel de Londres parcouru de minces nuages diaphanes ne pèse pas sur la ville mais semble au contraire l’attiré à lui.

La coupole de «Saint Paul» évoque un aéronef à trois étages près à l'envol. 

Londres sourit, comme cet empilement de couvre-chefs un peu mous, qui esquisse une sorte de révérence ironique sous le regard de l’artiste flouté dont la bague au gros chaton semble capter un peu la lumière qui tombe du ciel. «Knightsbridge 3» dit adieu à l’Angleterre victorienne, raides chapeaux melon et costumes rayés. Magritte obsédé par les chapeaux melon, les costumes rayés et les cravates, aurait pu écrire «ceci n’est pas un chapeau»… Mais une image, un symbole. 

L’arbre suplicié de «Courtfield Gardens» sur fond de belles demeures aristocratiques,

(Là tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.)

Dresse ses moignons turgides et stériles, mais accueille une dentelle vivace, feuilles, rameaux, brindilles, brandillantes au soleil.

Jean Rony, 2012

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